Le centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS vient de classer comme possiblement cancérogène pour l’homme les champs électromagnétiques liés à l’usage du téléphone mobile. Ce classement correspond au niveau 2B dans une classification qui va de 1 (cancérogène pour l'homme) à 4 (probablement pas cancérogène pour l'homme), le niveau 2 étant divisé en 2A (probablement cancérogène pour l'homme) et 2B (peut-être cancérogène pour l'homme). Cette décision fait suite aux travaux d’un groupe d’experts internationaux qui s’est réuni du 24 au 31 mai à Lyon. Elle a notamment été prise sur la base des données d’études épidémiologiques suggérant des excès de risques de tumeurs cérébrales (gliomes et neurinomes de l’acoustique) chez les utilisateurs « intensifs » de téléphones mobiles (au moins 30 minutes par jour sur une période de 10 ans). Sur cette base, le directeur du CIRC, Christopher Wild a préconisé de conduire des recherche à long terme sur les risques liés à l’usage intensif du téléphone mobile pour avoir davantage de certitudes, dans l’avenir, sur la présence ou l’absence d’un risque et de prendre des mesures pragmatiques pour réduire les expositions de la tête : utilisation du kit « main-libres » ou du SMS. Les conclusions et les recommandations émises par le CIRC rejoignent les avis et recommandations déjà émises par l’Agence, notamment dans son rapport de 2009. Pour répondre aux questions soulevées par les usages des radiofréquences, l'Anses a en effet expertisé à plusieurs reprises (1) le domaine de leurs effets sanitaires et a ainsi émis un certain nombre de recommandations pour réduire les expositions du public et développer la recherche. Ces recommandations ont pour la plupart été reprises dans la loi « Grenelle 2 » comme l’affichage du débit d’absorption spécifique (DAS) des téléphones mobiles, l’obligation de fournir un accessoire limitant l’exposition de la tête (type kit oreillette, lors de la vente d’un téléphone mobile), ou encore des mesures concernant les populations plus sensibles comme les enfants. En 2011, l’Agence maintient une veille scientifique sur le sujet. Face au rythme soutenu des publications et des travaux de recherche réalisés dans ce domaine et suite au transfert des compétences de la Fondation Santé et Radiofréquences à l'Anses, l'Agence crée un dispositif permettant une prise en compte globale des questions soulevées par les radiofréquences. Elle met ainsi en place un groupe de travail permanent "Radiofréquences et santé" composé d'une douzaine d'experts scientifiques indépendants chargé de suivre "en temps réel" les publications scientifiques pour actualiser, si nécessaire, l'expertise collective relative aux effets sanitaires des radiofréquences (2009), répondre aux besoins ponctuels d'appuis scientifiques et techniques et proposer notamment des recommandations d'orientations de recherche. En parallèle, l'Anses a créé un programme de recherche "Radiofréquences et Santé", doté de 2M€ par an. Piloté par un conseil scientifique dédié, il lancera un appel à projets de recherche annuel suivant le même calendrier que celui du programme "Environnement Santé Travail". Enfin, un comité de dialogue "Radiofréquences et santé", réunissant l’ensemble des parties prenantes, aura pour mission d'éclairer l'Agence sur les attentes de la société dans ce domaine. Présidé par Georges Mercadal, il tiendra sa première réunion le 15 juin prochain. (1) Elle a ainsi publié trois avis et rapports sur ce sujet, en 2003, 2005 et 2009 ainsi qu'un rapport et un avis spécifiquement dédiés aux systèmes d'identification par radiofréquences (RFID) en 2009.