Huiles essentielles : risques et précautions
Appliquées sur la peau, utilisées dans des sprays et diffuseurs ou ingérées, les huiles essentielles sont des produits du quotidien. Pourtant, elles concentrent un mélange variable de substances pouvant s’avérer toxiques pour notre santé. Le tour de la question pour mieux comprendre les effets potentiels des huiles essentielles.
Quelle est la composition des huiles essentielles ?
Les huiles essentielles (PDF) sont des mélanges complexes de substances d’origine naturelle. Elles sont extraites à partir d’une matière première végétale, le plus souvent par distillation à la vapeur d’eau. Leur composition chimique (chimiotype) varie grandement selon le genre, l’espèce et la sous-espèce de la plante. Elle peut également varier selon la partie de la plante d’où est extraite l’huile essentielle (par exemple l’écorce de fruit, la feuille, la tige), mais aussi selon le climat, le lieu géographique et la période de récolte de la plante. Dans le commerce, il est difficile de connaître précisément le chimiotype d’une huile essentielle.
De plus, un grand nombre de produits affichés comme « huile essentielle » contient en réalité d’autres ingrédients, à des concentrations parfois supérieures à 50 % : c’est l’exemple de certains sprays aux huiles essentielles contenant plus de 70 % d’éthanol, ou encore d’huiles à usage topique contenant plus de 50 % d’huile végétale ou d’émollients.
Les huiles essentielles peuvent-elles être dangereuses pour la santé ?
Les huiles essentielles contiennent des substances qui peuvent, à certaines doses, entraîner des effets sur la santé. Par exemple, l’Anses, dans son expertise de 2020, a identifié des risques liés aux compléments alimentaires contenant des huiles essentielles d’arbre à thé, de niaouli et de cajeput. Elle y pointe des risques neurologiques (niaouli et cajeput), cancérogènes, génotoxiques et potentiellement reprotoxiques lors de l’absorption par voie orale de certains composés des huiles essentielles de Melaleuca.
Dans son rapport de toxicovigilance de 2024, l’Anses fait le point sur le nombre d’expositions à des huiles essentielles signalées aux Centres antipoison (CAP). Entre 2011 et 2021, les appels concernant des huiles essentielles n’ont cessé d’augmenter. Il s’agissait d’effets indésirables liés à des accidents domestiques et des intoxications aiguës de faible gravité. Dans un tiers des accidents chez les enfants, une huile essentielle avait été administrée par erreur à la place d’un médicament, essentiellement de la vitamine D. L’exploitation des données des centres antipoison ne peut renseigner sur l’existence d’effets à moyen et long terme.
Quelles précautions à prendre lors de l’utilisation d’huiles essentielles ?
Il convient d’utiliser avec précaution les huiles essentielles en général et certaines en particulier en raison de la présence de substances toxiques dans leur composition.
- Les huiles essentielles sont déconseillées aux enfants et aux femmes enceintes en raison notamment de la présence de substances neurotoxiques ou toxiques pour le fœtus ou l’embryon. Les huiles essentielles doivent toujours rester hors de portée des enfants ;
- Elles ne doivent jamais être rangées avec les produits de soin des nouveau-nés et nourrissons car cela augmente les risques de confusion entre les huiles essentielles et la vitamine D, notamment ;
- Avant tout usage, demander conseil à un professionnel de santé.
- Respecter les conditions d’emploi
- Bien aérer en cas d’utilisation d’huile essentielle en spray ou en diffuseur dans un espace clos
- Ne pas les appliquer pures sur les muqueuses,
- Se laver consciencieusement les mains après application cutanée ou massage avec une huile essentielle
Comment sont encadrés les différents usages des huiles essentielles ?
Les huiles essentielles sont proposées pour un ensemble très varié d’utilisations par voie cutanée, par inhalation ou par ingestion. Par exemple pour purifier l'air, pour aromatiser des aliments, ou encore parfumer des produits d'entretien.
Selon leur usage, plusieurs réglementations peuvent s’appliquer aux huiles essentielles : réglementations relatives aux produits chimiques, biocides, phytopharmaceutiques, cosmétiques, dispositifs médicaux, médicaments, arômes ou compléments alimentaires. Quelle que soit la réglementation qui s’applique, les huiles essentielles ne doivent pas être présentées sans fonction déterminée : le responsable de leur mise sur le marché doit informer les consommateurs sur le mode et les précautions d’emploi (article L. 111-1 du Code de la consommation). C’est donc la destination (cosmétique, alimentaire, etc.) qui détermine la réglementation applicable et par suite les exigences auxquelles le produit doit répondre.
Le dispositif de toxicovigilance
L’Anses coordonne le dispositif national de toxicovigilance qui surveille les effets indésirables chez l'humain suite à l’exposition à des produits de consommation, des plantes, des champignons ou des animaux. Il repose sur les données du réseau des huit Centres antipoison (CAP) ainsi que trois dispositifs de toxicovigilance ultramarins. En savoir plus sur la toxicovigilance.
Pour aller plus loin
- Vigil'Anses n°24 (décembre 2024) (PDF)
- Sprays et diffuseurs à base d’huiles essentielles : l’Anses appelle à la vigilance
- Compléments alimentaires contenant des huiles essentielles d’arbre à thé, de niaouli et de cajeput : leur consommation sans précaution peut présenter des risques
- Les huiles essentielles | Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie et Ministère chargé du Budget et des Comptes publics
- Le rapport de toxicovigilance sur les huiles essentielles de l'Anses (PDF)