Disparités socioéconomiques et alimentation des enfants et adolescents : un état des lieux sur un sujet peu étudié
La question des relations entre alimentation et niveau socioéconomique est peu étudiée chez les enfants et adolescents en France. L’expertise menée par l’Anses sur ce sujet montre une moins bonne qualité nutritionnelle de l’alimentation chez les enfants et adolescents issus de milieux défavorisés. Elle met aussi en évidence chez ces derniers une consommation plus faible de fruits et légumes et plus élevée de boissons sucrées. Le rapport montre toutefois une moindre consommation de certains produits sucrés (confiseries, gâteaux) chez les enfants et adolescents de milieux défavorisés. Il souligne également une consommation équivalente de poisson quel que soit le niveau socio-économique de ces enfants et adolescents. Plus que les critères de revenu, le niveau d’études des parents apparaît comme un facteur déterminant de la qualité de l’alimentation. Ainsi, à revenu équivalent, la qualité nutritionnelle augmente avec le niveau d’études des parents.
D’après les connaissances disponibles en France et en Europe, les adultes en situation socioéconomique difficile présentent une situation nutritionnelle moins satisfaisante que celle des populations plus favorisées. Cette question est peu étudiée chez les enfants et adolescents en France. Dans ce contexte, l’Anses a souhaité dresser un état des lieux des données bibliographiques disponibles et caractériser l’alimentation de ces enfants et adolescents à partir des données de son étude nationale INCA 2.
Une photographie des consommations
L’étude réalisée par l’Anses confirme pour les enfants et adolescents de milieux défavorisés:
- une qualité nutritionnelle globalement plus faible de l’alimentation et une moindre diversité alimentaire, même si les différences observées demeurent d’amplitude limitée ;
- une consommation plus faible de fruits et légumes (jusqu’à une portion en moins par jour) ;
- une consommation plus élevée de boissons sucrées (jusqu’à 2,5 verres supplémentaires par semaine).
Ainsi, en ce qui concerne les consommations de fruits et légumes et les boissons sucrées, l’écart vis-à-vis des repères nutritionnels du PNNS (5 fruits et légumes et un demi-verre de boissons sucrées par jour), déjà constaté pour l’ensemble des enfants et adolescents, est accentué chez ceux de milieux défavorisés.
Cette étude permet également de mettre en évidence des résultats inattendus :
- cette étude ne met pas en évidence de différences de consommation de poisson chez les enfants et adolescents quel que soit leur niveau socio-économique, contrairement aux données bibliographiques ;
- elle montre une moindre consommation de certains produits sucrés comme les confiseries et les gâteaux chez les enfants et adolescents de milieux défavorisés à l’encontre de certaines idées reçues ;
- la consommation globale de produits laitiers, quant à elle, ne diffère pas selon le niveau socioéconomique, mais le type de produits laitiers consommés varie (plus de lait et moins de yaourts consommés par les enfants de milieux défavorisés).
Qualité nutritionnelle de l’alimentation et niveau socioéconomique
La moins bonne qualité nutritionnelle de l’alimentation des enfants et adolescents de milieux défavorisés est cependant à nuancer. En effet, 25 % de ces enfants ont une alimentation de bonne qualité (contre 40 % dans les milieux plus favorisés).
L’Anses a ainsi cherché à déterminer les composantes du niveau socioéconomique (revenu du foyer, catégorie socio-professionnelle, niveau d’étude,…) les plus associées aux disparités alimentaires. Le niveau d’études des parents apparaît comme un facteur déterminant de la qualité de l’alimentation. Ainsi, à revenu équivalent, la qualité nutritionnelle augmente avec le niveau d’études des parents.
Par ailleurs, cette étude ne montre pas de différence d’apport énergétique en fonction du niveau socioéconomique.Or les enfants et adolescents de milieux défavorisés sont davantage touchés par les problèmes de surcharge pondérale. L’équilibre énergétique étant lié à une balance entre l’apport calorique et la dépense énergétique, ces constats conduisent à mettre en avant le rôle potentiel de la sédentarité et du niveau d’activité physique dans le surpoids et l’obésité des enfants et adolescents.
Recommandations de l’Anses
Compte tenu du large dépassement du repère nutritionnel PNNS concernant les boissons sucrées chez les enfants et les adolescents (plus d’un tiers d’entre-eux), l’Agence souligne l’intérêt de poursuivre et d’amplifier les politiques visant à réduire les apports en glucides simples ajoutés dans l’alimentation, notamment ceux liés aux boissons sucrées.
Enfin, si l’analyse des données de l’étude nationale INCA 2 a permis de compléter les connaissances sur les liens entre alimentation et niveau socioéconomique chez les enfants et adolescents en France, elle n’a pas permis d’approcher la population très précaire et donc les situations de grande pauvreté. Ainsi, des études spécifiques concernant les enfants et adolescents en situation de grande pauvreté devraient être mises en place.