
Six nouveaux projets scientifiques européens sur les risques liés à l’alimentation
Depuis fin 2024, l’Anses participe à six nouveaux projets européens, dont deux qu’elle coordonne. Financés par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) dans le cadre des activités dites « sur mesure » (« Tailor-Made »), ces projets visent à améliorer les connaissances et l’exploitation de données sur les risques liés principalement à l’alimentation. Ils se pencheront entre autres les risques liés au botulisme, dans une approche One Health, ou encore sur le recours à l’intelligence artificielle pour analyser les données dans le domaine de la sécurité sanitaire des aliments.
Les activités dites « tailor-made » ou « sur mesure » de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) permettent de répondre aux besoins et aux priorités scientifiques spécifiques identifiés par l'EFSA et certains États membres. Mis en place en 2023, ce dispositif s’appuie sur les points focaux nationaux auprès de l’EFSA. L’Anses, en tant que point focal national en France, joue un rôle central dans ce dispositif en assurant la liaison entre l'EFSA et les acteurs nationaux concernés. L’Agence coordonne deux des six projets récemment sélectionnés. Ceux-ci sont réalisés en partenariat avec d’autres organisations compétentes auprès de l’EFSA, dont le Service commun des laboratoires et l’Inrae au niveau français.
Un projet pour mieux cerner le risque lié au botulisme
Coordonné par Caroline Lemaréchal, scientifique au laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort de l’Anses, le projet “One Health approach to investigate Botulinum neurotoxin-producing bacteria contamination levels from farm to fork” vise à collecter des données sur la prévalence des bactéries productrices de neurotoxines botuliques via une approche opérationnelle One Health. Il implique les instituts de 11 pays différents.
Le botulisme est une maladie sévère provoquant des paralysies chez l’être humain et les animaux qui peut parfois être fatale. On observe une diminution de l’emploi d’additifs dans les aliments, dont certains comme les nitrates et les nitrites, ont pour rôle de prévenir la croissance des bactéries productrices de toxines botuliques. Parallèlement, l’augmentation des productions de conserves en circuit court et le non-respect des règles d’hygiène pour leur préparation et leur conservation augmente le risque de développement de ces bactéries et sont à l’origine de foyers de botulisme survenus en France en 2023 et 2024. Ces différents facteurs pourraient aboutir à une augmentation des cas de botulisme humain. Par ailleurs, une nouvelle toxine botulique a été découverte récemment, associée à des cas à la fois chez l’être humain et les animaux.
Le projet vise à développer un protocole harmonisé, commun à l’ensemble des partenaires, ce qui n’existe pas actuellement, pour permettre la détection des bactéries productrices de toxines botuliques.
Dans une seconde phase du projet, des échantillons seront collectés dans les différents pays partenaires au sein d’élevages, dans les sols et dans les aliments au stade de la commercialisation. Les bactéries productrices de toxines botuliques seront ensuite détectées en utilisant le protocole harmonisé. Les données recueillies contribueront à élaborer de nouvelles stratégies visant à anticiper, éliminer ou réduire le risque de botulisme à des niveaux acceptables.
Utiliser l’intelligence artificielle pour analyser des données sur la sécurité sanitaire des aliments
L’autre projet coordonné par l’Anses, “Analysis of Large Language Models for automatic FoodEx2 codification”, vise à utiliser l’intelligence artificielle générative pour optimiser l’analyse et l’exploitation des données concernant les risques sanitaires et nutritionnels liés à l’alimentation. Il est mené par Chris Roth, chef de l’unité Méthodologie et études à l’Anses et implique des organismes de cinq pays différents.
Le recours à l’intelligence artificielle générative permettrait par exemple de croiser plus facilement les bases de données de contamination ou de composition nutritionnelle des aliments avec celles sur leur consommation. L’EFSA a créé un système, FoodEx2, pour standardiser les données relatives à l’alimentation. Cependant, le codage des données alimentaires dans ce système est chronophage pour les différents États membres qui transmettent des données à l’EFSA.
L’objectif du projet est de développer une méthodologie générique pour automatiser ce codage. Après avoir comparé les différents modèles existants en tenant compte de leur coût, du respect de la confidentialité des données ou encore de leur compréhension de textes sur l'alimentation, l’équipe scientifique projette de développer une méthodologie pour adapter le ou les modèles retenus aux spécificités de la nomenclature FoodEx2. Des tests seront ensuite réalisés avec des données sur l’alimentation rédigées dans les différentes langues des partenaires du projet.
Contribution à d’autres projets
L’Anses contribue également à quatre autres projets en tant que participant. Ceux-ci portent sur :
- l’évaluation des risques microbiologiques des substituts végétariens aux produits laitiers et à la viande (projet coordonné par l’Irlande),
- L’amélioration des enquêtes sur les épidémies, via la préparation et le partage des séquences génomiques entières au sein de l'Union européenne et le renforcement des collaborations entre États membres (projet coordonné par le Danemark),
- la surveillance et l’évaluation de l'impact qu’aurait l'introduction de la téosinte, une plante envahissante, sur la culture du maïs dans l’Union européenne (projet coordonné par l’Espagne),
- Élaboration de recommandations, tant techniques que fonctionnelles, auprès de l’EFSA pour le développement d’un nouveau processus d’intégration et de gestion des données au sein de l’agence européenne (projet coordonné par la Suède et l’Italie)
Ces six nouveaux projets viennent s’ajouter à quatre autres encore en cours, cinq sont par ailleurs terminés.