PCB

PCB : le rôle de l’Anses

Depuis plusieurs années, la question d'une pollution des cours d'eaux français par les PCB et de son impact sur la population est posée. Depuis 2003, l'Agence et ses experts sont mobilisés sur ce dossier difficile et ont notamment produit une vingtaine d’avis évaluant précisément les risques sanitaires liés à la consommation de poissons contaminés par les PCB et permettant d'apporter à l'Etat l'éclairage indispensable à la gestion du risque lié à ces contaminants au niveau national et en particulier dans la révision de la réglementation européenne sur les PCB.

Évaluation du risque

Depuis 2003, l'Agence en lien avec ses collectifs d'experts a produit plusieurs avis d'évaluation des risques sanitaires. Ces travaux ont notamment permis de faire le point sur la toxicité de ces substances et d’établir des seuils toxicologiques en dessous desquels la probabilité d'effets sur la santé est considérée comme négligeable. Ces seuils ont été définis, pour la voie alimentaire, en 2005 vis-à-vis des PCB-DL et en 2007 vis-à-vis des PCB-NDL et pour l'imprégnation en 2010. 

L’Agence a également conduit plusieurs études de surveillance des expositions sur la population générale (étude de l’alimentation totale en 2011) ou sur des groupes particuliers de consommateurs plus exposés, comme les forts consommateurs de produits de la mer (étude CALIPSO., 2004).

Cet état des lieux a permis d'apporter les bases scientifiques indispensables pour progresser dans l'évaluation du risque lié à ces substances. Grâce à ces avis, l’Anses a pu éclairer les décisions des autorités publiques pour les aider à encore mieux protéger l'ensemble de la population et plus particulièrement les populations à risque (femmes en âge de procréer, allaitantes, enfants de moins de 3 ans et consommateurs réguliers d'aliments fortement contaminés par exemple en lien avec une source locale d'émission) au regard du risque PCB aux niveaux national et européen.

Appui à la gestion du risque PCB dans les poissons d'eau douce

En février 2008, le Ministère chargé de l'Ecologie, en partenariat avec les Ministères chargés de la Santé et de l'Agriculture, ont lancé un plan national d'actions sur les PCB. Ce plan fait suite à la mise en évidence, dans plusieurs cours d'eau en France, de niveaux de contamination élevés dans les sédiments et les poissons. A cette occasion, l'Anses a encore renforcé sa contribution à l'évaluation de l'exposition et des risques liés aux PCB en s'impliquant dans deux actions du plan :

  • la mise en œuvre d'un plan national d'échantillonnage des milieux aquatiques et l'interprétation des niveaux de contamination des poissons ;
  • la coordination d'une étude sur l'imprégnation aux PCB des consommateurs de poissons d'eau douce.

Dans ce cadre, l'Office National de l'Eau et des Milieux Aquatiques (ONEMA) était chargé de réaliser un plan d'échantillonnage des poissons de rivière afin de fournir une cartographie de la contamination des poissons. L'Anses a travaillé en lien avec l’Onema pour lui proposer une méthodologie de mise en œuvre du plan d'échantillonnage. 

A partir des données générées dans ce cadre, l’Agence a émis, depuis 2009, une vingtaine d’avis fournissant à l’Etat l'interprétation sanitaire des analyses effectuées, des informations indispensables pour la gestion du risque lié aux PCBs sur l'ensemble des bassins hydrographiques au niveau national.

Grâce à ces avis, il a ainsi été possible pour les autorités sanitaires de définir les zones où la consommation de poissons pêchés doit être interdite (zones où toutes les espèces de poissons sont contaminées avec un dépassement des limites maximales réglementaires) ou au contraire celles où la pêche peut être autorisée car il n'y a pas de risque sanitaire (zones où aucune espèce de poissons ne dépasse les limites réglementaires).

Dans les zones intermédiaires pour lesquelles une partie seulement des espèces de poissons est contaminée, des restrictions temporaires de consommation ont été mises en place pour permettre des analyses complémentaires et l'identification des espèces de poissons qui demeurent propres à la consommation.

Finalement, et toujours dans le cadre du plan national d'actions sur les PCB, l'Agence a été chargée de réaliser une étude sur l'exposition et l'imprégnation aux PCB des consommateurs adultes de poissons de rivière (voir ci-dessous), principalement les pêcheurs et les membres de leurs familles. Cette étude, menée en collaboration avec l'Institut de veille sanitaire (InVS), visait à étudier l'imprégnation, c'est-à-dire les teneurs sanguines en PCB, des consommateurs et des non consommateurs de poissons de rivière dans des secteurs plus ou moins contaminés par les PCB. Son objectif était également de décrire la consommation des poissons d'eau douce, d'identifier les principaux déterminants de l'imprégnation aux PCB et d'aider à définir des fréquences de consommation de poissons fortement bio-accumulateurs de PCB sans risque pour l'homme sur le long terme.

Dans le cadre du plan national d'actions sur les PCB, le ministère chargé de la Santé a demandé, en 2008, à l'Anses, en collaboration avec l'InVS, de réaliser une étude sur l'imprégnation aux PCB des consommateurs adultes de poissons de rivière, principalement les pêcheurs et les membres de leurs familles. 

L'objectif principal de l'étude était d'identifier les déterminants prédominants de l'imprégnation sanguine aux PCB. Il s'agissait notamment de rechercher l'existence d'un lien éventuel entre la consommation de poissons d'eau douce fortement bio-accumulateurs et l'imprégnation. Cette étude devait ainsi aider à la définition de fréquences acceptables de consommation de ces poissons, c'est-à-dire sans risque pour l'homme sur le long terme.

A l'issue de plus de trois années de travail, les résultats de cette étude ont été publiés début 2012. Avec la participation de la Fédération nationale de la pêche en France (FNPF) et du Comité national de la pêche professionnelle en eau douce (CONAPPED), des foyers de pêcheurs amateurs et professionnels ont pu être contactés sur six sites de niveau de contamination contrasté en PCB.

Au total, 606 pêcheurs amateurs ou membres de leur foyer et 16 pêcheurs professionnels ont été inclus dans l'étude. Pour chaque participant, les habitudes alimentaires, ainsi que les pratiques de pêche et de consommation des poissons d'eau douce ont été recueillies. En parallèle, un prélèvement sanguin a été réalisé afin de déterminer le niveau d'imprégnation aux PCB. 

Une étude riche d’enseignements

Il ressort de ce travail que le niveau de consommation de poissons d'eau douce est faible (en moyenne 1 fois/mois chez les pêcheurs amateurs), en particulier pour les poissons fortement bio-accumulateurs de PCB (environ 2,5 fois/an). Seuls 13% de la population des pêcheurs amateurs de l'étude consomment des poissons fortement bio-accumulateurs plus de deux fois par an.

Deuxième enseignement, cohérent avec l'observation précédente, les niveaux d'imprégnations observés chez les participants à l'étude sont similaires à ceux observés dans la population générale. Ils sont inférieurs à ceux de la population française à la fin des années 80 lorsque les PCB ont été interdits. D'un point de vue sanitaire, très peu de participants dépassent le seuil d'imprégnation critique - valeur en dessous de laquelle les risques sont écartés. Leur proportion est du même ordre de grandeur qu'en population générale et ces individus sont parmi les plus âgés. 

L'étude a aussi mis en évidence que la consommation des poissons fortement bio-accumulateurs était associée à une augmentation de l'imprégnation aux PCB. Cependant, la consommation actuelle de ces poissons a une influence nettement moindre sur l'imprégnation que l’âge, reflet probable de la consommation passée, compte tenu de la diminution progressive de la contamination en PCB dans l'environnement.

Des recommandations de consommation à la clé

Sur la base de ces résultats, l'Anses s'est auto-saisie afin de déterminer une fréquence de consommation maximale de poissons fortement bio-accumulateurs sans risque sur le long terme et, ainsi, de préciser les recommandations qu'elle avait formulées dans son avis du 14 juin 2010 relatif à l'évaluation des bénéfices et des risques de la consommation de poissons. Au regard de cette nouvelle étude spécifique au risque PCB, l'Anses recommande de limiter les consommations de poissons d'eau douce fortement bio-accumulateurs (anguille, barbeau, brème, carpe, silure) :

  • à 1 fois tous les 2 mois pour les femmes en âge de procréer, enceintes ou allaitantes ainsi que les enfants de moins de 3 ans, les fillettes et les adolescentes;
  • à 2 fois par mois pour le reste de la population.

Au regard des caractéristiques de cette nouvelle étude, en particulier en raison de son caractère national et global, ces recommandations ne sont pas applicables aux zones de très forte contamination pour lesquelles des évaluations de risques spécifiques ont été réalisées par l'Agence depuis 2008. Elles ne remettent donc pas en cause les recommandations locales de non consommation. Sur la base des conclusions de cette étude, l'Anses pourra proposer des recommandations complémentaires en 2013 définissant les modalités d'une surveillance dans la durée de la contamination des cours d'eau.

Avis et rapports en lien avec l'article

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