Gagner en efficacité pour l’information du consommateur et la prévention des risques microbiologiques dans les aliments
Chaque année, environ un tiers des foyers de toxi-infections d’origine alimentaire déclarés en France survient dans le cadre familial. Une partie de ces cas est due à des pratiques au domicile (conservation inadéquate, cuisson insuffisante ou transferts de contaminants). Des améliorations au sein de certaines filières, ainsi que des informations spécifiques destinées aux consommateurs, pourraient contribuer à réduire le risque lié à certaines maladies transmissibles par les aliments. La Direction générale de l’alimentation (DGAL) a saisi l’Agence dans l’objectif d’opérer un choix étayé dans les éventuelles stratégies de communication à mettre en œuvre, au regard de certains risques sanitaires alimentaires mais aussi des contraintes potentielles pour les filières considérées. L’Agence publie ce jour les conclusions de son travail. L’amélioration des mesures de maîtrise des risques au sein de certaines filières de production devrait être examinée en priorité. L’Agence propose par ailleurs des recommandations relatives à l’efficacité de stratégies de communication susceptibles de modifier les comportements des consommateurs, et ainsi de réduire les risques microbiologiques liés à l’alimentation.
Selon la réglementation européenne sur l’hygiène des aliments, la stratégie de gestion des risques sanitaires est avant tout fondée sur la prévention des contaminations le plus en amont possible de la filière de production, et donc essentiellement avant le stade de la remise au consommateur.
Chaque année, environ un tiers des foyers de toxi-infections d’origine alimentaire déclarés en France survient dans le cadre familial (entre 26 à 39% selon les années). A l’origine d’une partie de ces cas : une mauvaise conservation des aliments au domicile, une cuisson insuffisante ou des transferts de contaminants.
Ce constat a conduit la Direction générale de l’alimentation à saisir l’Anses dans l’objectif d’opérer un choix étayé dans les stratégies de communication à mettre en œuvre, au regard de certains risques sanitaires alimentaires mais aussi des contraintes potentielles pour les filières considérées.
Le travail de l’Agence
Des travaux préliminaires (avis du 9 mai 2014) ont permis d’identifier les couples danger/aliment pour lesquels une modification des pratiques des consommateurs pourrait conduire à une réduction des risques. Un état des lieux des stratégies de communication mises en place a également été réalisé.
L’avis et le rapport publiés ce jour se concentrent sur la manière d’accroître l’efficacité de stratégies de communication pour la prévention des risques microbiologiques liés à l’alimentation. Ainsi, le travail porte notamment sur :
- l’identification des facteurs incitant le consommateur à modifier son comportement ;
- l’efficacité de différentes stratégies de communication (campagne de communication, étiquetage, programmes éducatifs, intervention par les professionnels de santé etc.) ;
- le choix de la cible de la communication (population générale ou population ciblée) ;
- l’évaluation de l’impact sanitaire d’une campagne de communication sur les mesures applicables par les consommateurs, en comparaison des mesures mises en œuvre au sein des filières agroalimentaires.
Les stratégies de communication étudiées concernent les mesures d’hygiène générale et quatre couples danger/aliment :
- escherichia coli producteurs de shigatoxines (STEC) / viande hachée de bœuf ;
- listeria monocytogenes / aliment consommé en l'état permettant la croissance de Listeria monocytogenes ;
- campylobacter / viande de volailles ;
- clostridium botulinum / Miel (risque de botulisme infantile).
Ce travail a permis, grâce à une participation d’experts des sciences humaines et sociales, de proposer des stratégies de communication à privilégier dans le domaine de la prévention des risques microbiologiques dans l’alimentation, en prenant en compte les populations ciblées, la complexité du message et le rapport coût/efficacité de la campagne.
Les recommandations de l’Agence
Le travail de l’Agence met en évidence un faible effet de la communication auprès des consommateurs sur la réduction des risques, comparativement à des mesures supplémentaires susceptibles d’être mises en œuvre par les opérateurs agro-industriels, moyennant un coût de production supplémentaire potentiel. Une stratégie de réduction des risques devrait donc explorer en priorité la faisabilité d’une amélioration des mesures de maîtrise au sein des filières de production.
Cependant, une communication à destination des consommateurs reste nécessaire et devrait être poursuivie. Afin que celle-ci soit la plus efficace possible, l’Agence formule les recommandations suivantes:
- la combinaison des différents supports de diffusion des informations augmentant l’efficacité de la communication, une diffusion « multicanal » (medias, corps médical, associations de consommateurs, etc.), « multiplace » (lieux d’achat, famille, travail, école), intervenant à la fois sur l’individu et son environnement, et les interventions sur le long terme, sont à privilégier ;
- la mise en place d’une action de communication devrait être précédée d’une réflexion sur le choix entre une communication destinée à une population ciblée (femmes enceintes, parents de jeunes enfants, personnes âgées, personnes immunodéprimées, etc.) et/ou à une population générale tenant compte de l’efficacité, du coût et de l’impact sur les inégalités sociales de santé ;
- les stratégies de communication devraient s’appuyer sur la meilleure connaissance possible des comportements réels en lien avec les pratiques à risque ;
- afin de réduire la majorité des risques microbiologiques, la communication devrait porter sur les mesures d’hygiène générale (cuisson, conservation, prévention des transferts de contaminants) ainsi que l’éviction des aliments à risque par certaines populations. Ces recommandations d’hygiène générale et de comportements liées à la sécurité sanitaire des aliments pourraient être intégrées dans les campagnes relatives à la nutrition (par exemple dans le cadre du Plan national nutrition santé), afin de proposer des recommandations alimentaires générales cohérentes, et/ou dans des programmes éducatifs sur l’alimentation existants, tels que la semaine du goût ou le parcours éducatif de santé, afin d’améliorer les connaissances des plus jeunes sur le sujet.
Il apparaît également nécessaire de continuer à renforcer et conforter les connaissances du personnel médical, paramédical et social sur les risques microbiologiques dans les aliments, afin qu’ils améliorent l’information des populations concernées.