Des chevaux dasn un pré
27/05/2024
Recherche
4 min

Découverte d’une triple résistance aux antiparasitaires pour équidés

Pour la première fois en France, des parasites digestifs appelés cyathostomes ou petits strongles résistants à l’ensemble des trois familles d’antiparasitaires autorisées pour les équidés ont été identifiés dans un même élevage. Ils ont été découverts au cours d’une étude menée par une équipe de l’Anses dans un élevage de chevaux de course.

Les cyathostomes sont les principaux parasites digestifs des équidés : tous les équidés ayant accès à des pâtures y sont exposés. La plupart des animaux infestés ne présentent pas de symptôme. Cependant, en cas de fortes infestations ces parasites digestifs peuvent être responsables de diarrhées, de retards de croissance et d’amaigrissements voire de mortalité chez les jeunes animaux.

Pour limiter les pertes économiques, les mesures de contrôle de ces parasites reposent essentiellement sur l’utilisation fréquente d’antiparasitaires qui éliminent les parasites chez l’hôte et peuvent prévenir des réinfestations. Trois familles d’antiparasitaires sont disponibles : les benzimidazoles (fenbendazole ), les tétrahydropyrimidines (pyrantel) et les lactones macrocycliques (ivermectine et moxidectine).

Un risque de résistance aux antiparasitaires particulièrement élevé dans les élevages de chevaux de course

« Pour éviter toute conséquence sur la santé et la croissance de leurs chevaux, les éleveurs ont tendance à leur administrer des antiparasitaires de manière systématique, sans évaluation préalable du risque d’infestation », explique Aurélie Merlin, chargée de projet de recherche au sein de l’unité Physiopathologie et épidémiologie des maladies équines du laboratoire de santé animale de l’Anses. « Ces pratiques mènent souvent à une surutilisation d’antiparasitaires, notamment dans les élevages de chevaux de course, ce qui favorise le phénomène de sélection de parasites résistants à ces produits. ». Dans cette filière, les nombreux déplacements entre pays, que ce soit pour la reproduction, l’entrainement ou les courses, accroissent les risques d’introduction et de diffusion de parasites résistants au sein et entre les élevages.

Première identification d’une population de cyathostomes résistante à l’ivermectine en France

Les scientifiques de l’Anses ont mené une étude dans un élevage de pur-sang destinés aux courses et dont l’éleveur soupçonnait une résistance à plusieurs molécules d’antiparasitaires. Les jeunes chevaux de cet élevage étaient successivement traités à quelques semaines d’intervalle avec une molécule appartenant à l’une des trois familles d’antiparasitaires autorisées pour les équidés contre ces vers : le fenbendazole, le pyrantel ou l’ivermectine. Après chaque traitement, des œufs de cyathostomes continuaient d’être retrouvés dans le crottin des chevaux, ce qui révèle une résistance pour ces trois antiparasitaires. « L’existence de populations de vers résistants au fenbendazole ou au pyrantel est bien connue mais c’est la première fois qu’une population de vers résistants à l’ivermectine est découverte en France. », affirme Aurélie Merlin. Il s’agit aussi de la première fois qu’une population résistante simultanément aux trois familles d’antiparasitaires autorisés en France est découverte dans un même élevage.

Une utilisation raisonnée des antiparasitaires nécessaire

Pour évaluer l’étendue de la résistance aux antiparasitaires en France et affiner les recommandations aux propriétaires, il est nécessaire de mener davantage d’études dans d’autres élevages et sur d’autres équidés. Cependant, cet exemple illustre la nécessité d’utiliser de façon plus raisonnée les antiparasitaires. En effet, il est possible de ne traiter que les animaux excrétant beaucoup d’œufs pour réduire le niveau d’infestation globale des pâtures et protéger les animaux les plus sensibles : « certains chevaux sont naturellement capables de bloquer l’infestation ou de vivre avec, sans conséquence sur leur santé ou leur bien-être et sans qu’il y ait besoin de les traiter, rappelle la scientifique. En revanche, l’utilisation trop fréquente d’antiparasitaires peut non seulement favoriser la résistance mais aussi perturber le microbiote des équidés et être toxique pour l’animal et pour l’environnement. »