Une écurie
27/05/2024
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Antiparasitaires pour équidés : les bons réflexes à adopter

Pour vermifuger les chevaux et les ânes, plusieurs bonnes pratiques doivent être respectées afin d’éviter la résistance des parasites digestifs aux antiparasitaires et ne pas mettre en danger la santé des équidés.

En France, 94 % des propriétaires d’équidés utilisent des vermifuges contre les parasites digestifs. Les cyathostomes sont les principaux parasites digestifs des équidés : tous les équidés ayant accès à des pâtures y sont exposés. La plupart des animaux infestés ne présentent pas de symptôme. Cependant, en cas de fortes infestations, ces parasites digestifs peuvent être responsables de diarrhées, de retards de croissance et d’amaigrissements voire de mortalité chez les jeunes animaux.

L’utilisation d’antiparasitaires non adaptés ou à des doses non recommandées peut avoir plusieurs conséquences. La première est de favoriser la résistance des parasites aux molécules utilisées. La seconde est de porter atteinte à la santé de l’équidé, avec la perturbation de son microbiote intestinal et des risques de toxicité. Les antiparasitaires peuvent aussi être toxiques pour la faune sauvage, notamment les insectes coprophages comme les bousiers ou les espèces aquatiques. Il est recommandé aux détenteurs d’équidés de prendre conseil auprès de leur vétérinaire pour choisir le traitement antiparasitaire adapté et vérifier l’absence de résistance aux molécules utilisées.

Les bonnes pratiques à retenir :

Pas de traitement systématique

L’administration d’antiparasitaires doit se faire uniquement lorsque le niveau d’infestation dépasse un seuil pouvant impacter la santé de l’animal. La présence de parasites digestifs en petite quantité est normale et sans risque pour les animaux. De plus, l’ensemble des animaux d’un lot ne s’infestent pas de la même manière. Il a par exemple été constaté qu’environ 20 % des équidés adultes d’un lot excrètent 80 % de l’ensemble des œufs de cyathostomes dans l’environnement. Pour connaitre le niveau d’infestation des animaux, il est possible de réaliser avec l’aide de son vétérinaire une identification et un comptage d’œufs dans les crottins (analyses coproscopiques). À partir des résultats des analyses, il est conseillé de vermifuger seulement les animaux excrétant plus de 500 œufs de cyathostomes par gramme de crottin, afin de diminuer le niveau d’infestation des parcelles en parasites et protéger les animaux les plus sensibles.

Ne pas vermifuger trop tôt dans l’année

Vermifuger trop tôt dans l’année favorise la sélection de résistance aux antiparasitaires. En effet, à la fin de l’hiver, la population de parasites sensibles aux vermifuges est faible sur les parcelles en raison de la mortalité des larves liée au froid. Traiter les animaux dès le printemps entraînera l’excrétion de parasites résistants qui entreront en compétition avec la population de parasites sensibles restée dans le pré. Les chevaux et les ânes auront ainsi plus de risque de se ré-infester avec des parasites résistants. De plus, l’utilisation d’antiparasitaires à base de lactones macrocycliques au printemps tue les œufs et les larves des insectes coprophages, dont dépend le recyclage des excréments.

Adapter le produit au parasite

Tous les vermifuges ne sont pas efficaces contre tous les parasites aux mêmes stades. Par exemple, la molécule antiparasitaire fenbendazole est uniquement efficace contre les cyathostomes adultes. Les produits à base de cette molécule ne doivent pas être utilisés à la fin de l’automne et en hiver, quand la population de parasites se compose en majorité de stades larvaires. Il est important de demander conseil à son vétérinaire pour déterminer le vermifuge approprié.

Bien évaluer le poids de l’animal à traiter

La dose d’antiparasitaire à administrer dépend du poids de l’animal. Une dose trop faible réduit l’efficacité de l’antiparasitaire et favorise les parasites résistants, qui survivent au traitement. À l’inverse, une dose trop importante peut être toxique pour le cheval ou l’âne traité.

Utiliser des produits et un mode d’administration adapté aux équidés

Seuls les antiparasitaires disposant d’une autorisation de mise sur le marché pour emploi sur les équidés doivent être utilisés : les produits destinés à d’autres espèces animales peuvent s’employer à des doses inadaptées ou encore contenir des molécules toxiques pour les équidés.

De même, il ne faut pas administrer de vermifuges par sonde : les antiparasitaires destinés aux équidés se présentent sous forme de pâte. La dose d’antiparasitaire nécessaire et les effets du produit sur l’animal ont été testés selon ce mode d’administration. Les conséquences de vermifuges liquides donnés au moyen d’une sonde ne sont pas connues pour les équidés.