Étude nationale coordonnée par l'Anses et l'Invs sur l'imprégnation aux PCB des consommateurs de poisson d'eau douce
Dans un contexte de pollution de plusieurs cours d'eau par les PCB et de dépassement des teneurs maximales autorisées dans certaines zones pour plusieurs espèces de poissons d'eau douce, l'Agence a été chargée, en 2008, de réaliser, en collaboration avec l'Institut de veille sanitaire (InVS), une étude sur l'imprégnation aux PCB des consommateurs de poissons d'eau douce. Objectifs et modalités de réalisation de ce travail dont les résultats ont été publiés début 2012.
Pourquoi une étude d'imprégnation ?
En population générale, l'exposition aux PCB s'effectue principalement au travers de la consommation alimentaire. L'évaluation par l'Agence de l'exposition alimentaire de la population française aux PCB a montré, en 2007, un dépassement de la valeur toxicologique de référence (Dose Journalière Tolérable - DJT) chez les enfants et les adultes les plus fortement exposés, notamment les forts consommateurs de poissons.
Au niveau européen comme international, des dispositions ont été prises pour réduire l'exposition de la population aux PCB. La Commission européenne, par exemple, a fixé en 2006 des teneurs maximales en PCB de type dioxine à ne pas dépasser dans les poissons commercialisés. En France, comme dans plusieurs pays européens, des dépassements de ces teneurs dans les poissons d'eau douce ont été observés dans plusieurs cours d'eau.
C'est dans ce contexte, qu'en 2008, à l'occasion du plan national d'actions sur les PCB, le Ministère chargé de la santé a confié à l'Anses, une étude sur l'imprégnation (teneurs sanguines) aux PCB des consommateurs de poissons d'eau douce.
L'objectif principal de cette étude est d'identifier les principaux déterminants de l'imprégnation aux PCB et notamment de mettre en évidence un lien éventuel entre la consommation de poissons d'eau douce fortement bio-accumulateurs de PCB et l'imprégnation individuelle, en tenant compte des autres facteurs d'imprégnation (socio-démographiques ou alimentaires).
Cette étude doit également aider à la définition de fréquences acceptables de consommation de ces poissons, c'est-à-dire sans risque pour l'homme sur le long terme.
Quels sont les partenaires de cette étude ?
L'Anses est l'investigateur principal de cette étude conduite en partenariat avec l'Institut de veille sanitaire (InVS). Le Ministère de la santé finance intégralement cette étude. Par ailleurs, l'Anses bénéficie du concours de la Fédération nationale de la pêche en France (FNPF) ainsi que du Comité national de la pêche professionnelle en eau douce (CONAPPED) qui ont accepté de mettre à disposition les informations sur leurs adhérents.
Le protocole de l'étude a fait l'objet d'une validation et d'un suivi par le Comité de protection des personnes d'Ile-de-France IX (Créteil Henri Mondor) ainsi que de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), autorisations indispensables pour mettre en œuvre ce type de recherche biomédicale.
Comment s'est-elle déroulée ?
Six sites d'étude ont été suivis sur la Somme, la Seine, le Rhône, le Rhin et la Moselle, la Loire et la Garonne, représentant environ 900 km de cours d'eau dans 18 départements.
Après la phase préparatoire démarrée au printemps 2008, l'étude a débuté sur le terrain en avril 2009.
Les participants ont été recherchés parmi la population des pêcheurs amateurs et des pêcheurs professionnels exerçant sur ces sites ainsi que des membres de leurs foyers. Plus de 21 000 foyers de pêcheurs amateurs et 26 foyers de pêcheurs professionnels répartis sur les six sites d'étude ont ainsi été contactés par téléphone.
A l'issue de ce premier entretien, 5793 foyers remplissant les conditions nécessaires à la participation à l'étude (posséder une carte de pêche récente, pêcher sur au moins l'un des sites de l'étude) ont été sélectionnés. Tous les consommateurs réguliers de poissons d'eau douce fortement bio-accumulateurs de PCB, ainsi qu'une partie des non consommateurs et des consommateurs plus occasionnels ont été inclus dans l'étude, sous réserve de leur acceptabilité de participer et de l'absence de problèmes de santé graves ou d'exposition environnementale aux PCB autres que l'alimentation (expositions professionnelles ou accidentelles).
Au total 606 pêcheurs amateurs ou membres de leur foyer et 16 pêcheurs professionnels ont été inclus dans l'étude.
Pour chaque participant, l'étude s'est déroulée en 3 principales étapes :
- une enquête téléphonique auprès du pêcheur et des membres de son foyer sur les habitudes de pêche et de consommation des poissons d'eau douce fortement bio-accumulateurs de PCB ;
- une enquête sur les habitudes alimentaires (poissons et autres aliments) lors d'un entretien à domicile ;
- la réalisation d'un prélèvement sanguin dans un laboratoire d'analyses participant.
La société GfK ISL était chargée de la réalisation de cette partie de l'étude. Le Laboratoire d'étude des résidus et contaminants dans les aliments de l'école nationale vétérinaire de Nantes (ONIRIS/Laberca) a réalisé les analyses de PCB sur les échantillons sanguins.
Parallèlement, l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (ONEMA) a complété ce travail par la mesure des teneurs en PCB dans les poissons prélevés sur les six zones de pêche de l'étude.
Les résultats de ce travail ont été publiés début 2012.