C. ibidis : une nouvelle espèce de Chlamydia mise en évidence au laboratoire de santé animale de l’Anses
La chlamydiose aviaire est une maladie due à une bactérie parasite nommée C. psittaci qui affecte plus de 465 espèces d’oiseaux domestiques, d’élevages ou sauvages. A l’occasion de la publication de la découverte d’une nouvelle espèce de Chlamydia par l’un de ses laboratoires dans la revue Plos One, l’Anses fait le point sur le travail réalisé par son laboratoire de santé animale, qui est également Laboratoire national de référence (LNR) sur cette maladie.
La chlamydiose aviaire est une maladie due à une bactérie parasite nommée C. psittaci qui affecte plus de 465 espèces d’oiseaux domestiques, d’élevages ou sauvages. Ce pathogène est transmissible à l’homme et peut provoquer une forme aigue de pneumopathie qui peut être fatale chez les personnes vulnérables lorsqu’elle n’est pas diagnostiquée et traitée à temps. Les personnes en contact direct avec les oiseaux, comme le personnel d’élevages, d’abattoirs ou les vétérinaires, sont les plus exposées.
Le portage sain de C. psittaci par les oiseaux et volailles est très fréquent dans la filière avicole.
Les récents travaux menés par le LNR ont conduit à la mise en évidence de nouvelles espèces de Chlamydia, en particulier chez le poulet, le pigeon ou encore chez l’ibis sacré.
Une nouvelle souche de Chlamydia découverte chez l’ibis sacré
L’ibis sacré d’Afrique a été importé dans de nombreux parcs zoologiques du monde. Dans les années 90, un groupe d’ibis s’est échappé d’un parc animalier situé en Bretagne. Très invasive, cette espèce s’est alors rapidement multipliée et s’est installée le long de la côte atlantique. Cette population, qui a compté plus de 5000 individus, représentait un problème écologique majeur pour la biodiversité animale autochtone, mais aussi potentiellement un problème sanitaire en tant que réservoir de pathogènes.
Comme ces ibis avaient été vus au contact de canards d’élevages chez lesquels la prévalence de C. psittaci est importante, le LNR, en partenariat avec une équipe de Nantes, a réalisé une étude afin de savoir si ces oiseaux sauvages pouvaient être porteurs de la bactérie pathogène et s’ils pouvaient constituer un risque pour les élevages en plein air.
Découverte inattendue d’une nouvelle espèce
Les analyses réalisées sur 70 ibis sacrés ont montré que 8 individus étaient porteurs de Chlamydiaceae. Contre toute attente, seul l’un d’eux était porteur de C. psittaci, l’agent pathogène classiquement isolé à partir des oiseaux. Les 7 autres hébergeaient une Chlamydia présentant des caractères atypiques. En collaboration avec une équipe américaine et une équipe allemande, le séquençage complet du génome de la souche incriminée, ainsi que des clichés de microscopie électronique, ont pu être réalisés et ont permis d’affirmer que ces Chlamydia atypiques correspondaient à une nouvelle espèce, baptisée C. ibidis.
A ce jour, aucune preuve n’a été apportée concernant le pouvoir pathogène de C. ibidis. Il est désormais nécessaire de réaliser des études complémentaires pour approfondir les connaissances sur cette nouvelle espèce.
Des questions à élucider par l’Anses
Cette découverte pose des questions qu’il reste à élucider à ce jour. Tout d’abord, il serait intéressant de déterminer l’origine géographique de l’infection par ces nouvelles Chlamydia : les ibis sacrés ont-ils été infectés en Afrique, leur région d’origine, ou en France après leur importation ? Cette bactérie est-elle présente dans l’environnement ? Peut-elle infecter d’autres espèces d’oiseaux, voire d’autres animaux ? Enfin, il est nécessaire de surveiller le caractère zoonotique de cette nouvelle espèce (transmission de la bactérie à l’homme), qui, s’il était avéré, pourrait poser un problème de santé publique. Les réponses à ces diverses questions permettront à l’Anses de conduire une évaluation des risques concernant cette nouvelle espèce.